Au Bagne !

Charles Barbet est un cousin de mon arrière-arrière-arrière-grand-mère.

Charles est né en 1828 à Abbeville, il perd sa mère lorsqu’il a 4 ans et son père lorsqu’il a 21 ans.

Le site des Anom m’apprend qu’en décembre 1854 et janvier 1855, Charles a piqué des trucs dans une église. Il a été condamné par la cour d’appel de la Somme le 16 avril 1855 pour ‘’vols à l’aide d’escalade et d’effraction dans un édifice consacré au culte catholique à la peine de travaux forcés pour six ans’’.

Lourde peine.

On pense inévitablement aux Misérables d’Hugo, à Jean Valjean condamné au bagne pour avoir volé du pain et à la disproportion de la peine.

Qu’a-t-il volé Charles dans cette église ? L’extrait des matricules des chiourmes du bagne de Brest où il a transité ne le dit pas. Il a volé 4 fois. Les 7 et 20 décembre 1854 puis les 5 et 13 janvier 1855. Quelqu’un l’aura vu sans doute ce 13 janvier et l’aura dénoncé.

Peut-être que les archives de la Somme conserve le jugement de la cour d’assises, peut-être découvrirai-je dans ce document l’objet du délit. Qu’a-t-il volé dans cette église ? De l’argent ? Des objets ? Lesquels ? Qu’a-t-il volé qui mérite l’exil et les travaux forcés pendant 6 ans ?

Charles venait tout juste d’épouser Marie. Marie Martin, le 18 novembre 1854. Marie était lingère, Charles était jardinier. Il avait 27 ans.

Qu’est-ce qui l’a poussé à voler ?

Il arrive au bagne de Brest le 11 juillet 1855.

La bagne de Cayenne a officiellement été créé un an plus tôt, le 30 mai 1854. Les bagnes des colonies vont permettre de décharger les bagnes portuaires de métropole, les bagnes de Rochefort, Toulon et Brest.

Charles embarque le 7 août à bord de l’Armide. Après 50 jours de voyage, il débarque à Cayenne, le 27 septembre 1855, avec les autres forçats du bagne de Brest.

L’armide. Source : Wikipédia

Envoyer les condamnés en Guyanne permettait d’envoyer loin de la métropole les condamnés aux travaux forcés, de développer cette colonie à peu de frais avec une main d’œuvre gratuite – l ‘esclavage a été aboli en 1848 – et de peupler la colonie en rendant difficile le retour et en incitant les bagnards à s’installer dans la colonie.

Après avoir purgé leur peine, les bagnards avaient obligation de rester sur place pendant une durée égale à la peine purgée.

Charles a bénéficié d’une remise de sa peine de 2 ans. Il n’a pas fait de vague pendant son incarcération. Il n’a pas obtenu de récompense (quel genre de récompense les bagnards pouvaient-ils bien obtenir?), il n’a pas reçu de punition non plus.

Il est donc libéré en 1859, il est dans l’obligation de rester encore 4 années en Guyane soit jusqu’en 1863. Il a choisi de rentrer en France et, en 1865, il embarque sur l’Amazone.

Pourquoi est-il rester 6 ans ? Peut-être pour réunir l’argent nécessaire au voyage retour.

Peut-être malade, à l’évidence affaibli par les conditions d’incarcération et le travail forcé, il est mort sur le bateau qui le ramenait chez lui. Il n’est pas allé au bout du voyage, il n’a pas revu Abbeville. Il n’a pas revu son épouse. Se sont-ils écrit pendant ces longues années ?

Il est mort le 15 mai 1865. Il avait 37 ans. Il est probable que son corps ait été jeté par dessus bord.

Marie s’est remariée en 1869 avec François Pecquet. L’acte de mariage ne fait pas mention de Charles, son premier époux.




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